Durant la période de la présence espagnole (1503-1700), le royaume de Naples a fait l'objet de neuf inspections (ou visites) envoyées par Madrid. Si l'historiographie napolitaine a longtemps eu tendance à ne voir dans celles-ci qu'une procédure tatillonne et somme toute peu efficace, leur étude doit aujourd'hui être replacée dans l'économie générale du gouvernement des Habsbourg d'Espagne. Choisis parmi les élites politiques, les visiteurs envoyés par les différents Conseils de la monarchie avaient pour mission de collecter les informations, de proposer des réformes et d'imposer une discipline aux officiers, que ce soit à Naples, en Sicile ou à Milan, voire en Nouvelle-Espagne. La visite, dans sa solennité, donne à voir les règles régissant le monde de l'office en même temps qu'elle les imagine ; elle mesure les espaces ouverts à la négociation et la force des oppositions et peut choisir la brutalité aussi bien que la patience, ou même la passivité. Cette procédure de contrôle participe moins d'une volonté de répression que d'un art du gouvernement à la mesure de l'empire espagnol. L'exemple de Naples la révèle dans toute sa richesse et sa subtilité, et met également en lumière le jeu complexe des institutions napolitaines, les stratégies et les solidarités des officiers du Royaume.